Dans cet épisode de À Vous le Micro-Commerce, en partie à la rencontre d'Anne-Marie Kossouoh, fondatrice de Perles Rares Djonou ! 🌍 Avec authenticité et passion, elle partage son parcours de créatrice de bijoux éthiques, son lien au Ghana, et sa vision d'un commerce plus responsable. Un échange vibrant où elle livre ses conseils pour se lancer, ses inspirations, et les valeurs qui l'animent. À écouter sans modération si vous t'intéresses à l'artisanat, à la création de marque, ou à l'entrepreneuriat au féminin. ✨
Bienvenue à tous ceux qui sont curieux de découvrir des récits inspirants d’hommes et de femmes entrepreneurs. Vous êtes sur microco.com, dans notre podcast « À vous le microcommerce ». Chaque mois, on s’entretient avec un entrepreneur pour découvrir son parcours et les coulisses de son activité. Quels sont ses défis ? Quels obstacles a-t-il ou elle rencontrés ? En bref, comment s’organise son quotidien ? Aujourd’hui, nous partons à la rencontre d’Anne-Marie, fondatrice de « Perles Rares Djonou ». Découvrons ensemble sa personnalité pétillante et son parcours entrepreneurial. Allons-y !
Bonjour Anne-Marie, bienvenue dans notre podcast. Pour commencer, est-ce que tu peux nous parler un peu de toi et de ton parcours ?
Je m’appelle Anne-Marie Cossouault, je suis juriste de formation. J’ai travaillé une dizaine d’années dans le public et dans le privé. En parallèle, j’ai toujours été passionnée par l’artisanat, et c’est ainsi que j’ai développé ma société « Perles Rares Djonou », à côté de mon activité de juriste.
Le nom de ta marque est très poétique. Est-ce qu’il y a une signification particulière derrière ?
Oui, c’est un nom qui a évolué. Au départ, c’était simplement « Perles Rares », parce que je m’étais recentrée sur ces magnifiques perles Krobo fabriquées au Ghana. Pour moi, c’était une redécouverte : ma mère et d’autres femmes de ma famille en portaient, mais je ne m’étais jamais vraiment interrogée sur leur origine.
Avec le temps, j’ai voulu rendre hommage à leur provenance, alors j’ai ajouté le mot « Djonou », qui signifie « perle » ou « parure » en langue mina, au Togo. Ce sont des perles portées aussi bien au Ghana qu’au Togo. C’est presque une litanie : perles rares, djonou rares.
Ces perles, on les porte dans quelles occasions traditionnellement ?
Souvent lors de mariages, de fêtes familiales ou toute autre occasion où l’on porte une tenue traditionnelle. On parle alors de collier, boucles d’oreilles, bracelets… Mais dans un cadre plus traditionnel, notamment en Afrique de l’Ouest, c’est aussi porté par les familles royales. Les rois, leurs suites et les membres de leur famille se parent de ces bijoux pour afficher leur statut. C’est une manière ostentatoire de signifier la magnificence et la beauté.
Donc c’est un vrai symbole d’opulence.
Exactement. Et historiquement, cela signifiait aussi l’appartenance à une classe sociale supérieure. Ces perles de verre sont d’ailleurs associées aux poids Akan, un ancien système monétaire utilisé notamment en Côte d’Ivoire et au Ghana. D’ailleurs, dans ma langue, on les appelle « Sika », ce qui veut dire « or ».
Magnifique ! Et quel a été ton déclic pour te lancer dans cette aventure entrepreneuriale ?
Je crois que ça remonte à mon enfance. Certaines ont peut-être entendu parler des Nana Benz, ces femmes commerçantes et entrepreneuses très influentes au Togo. Ma grand-mère était commerçante, ma mère aussi. Depuis toute petite, on nous incitait à vendre, à commercer, même des bonbons.
Plus tard, pendant mes études de droit, j’étais très concentrée sur ma carrière. Mais en commençant à travailler, j’ai commencé à explorer d’autres choses : le wax, les accessoires, les cosmétiques artisanaux…
Le vrai déclic, ça a été ma sœur qui a vécu au Kenya. Elle m’a fait découvrir la culture massaï, les pochettes magnifiques… J’en ai ramené quinze au lieu d’une seule ! Je les ai revendues à mes amis, un peu par hasard, et je me suis prise au jeu.
Tu n’étais donc pas « prédestinée » à entreprendre ?
Pas du tout. J’étais sur une trajectoire classique, bien tracée, dans le droit. L’artisanat était un loisir. Mais à force, c’est devenu plus sérieux. Des amis m’ont proposé de vendre dans un tiers-lieu… et je me suis lancée.
Ma tante m’a offert une parure, ce qui m’a poussée à m’intéresser plus profondément aux perles. En 2017, j’ai créé ma première collection grâce à l’aide de deux de mes tantes, l’une vivant au Ghana. Elles m’ont initiée, on a acheté ensemble les matériaux au marché. Ce fut un moment très fort.
Et aujourd’hui, que proposes-tu exactement avec Perles Rares Djonou ?
Au départ, je proposais des bijoux – colliers, bracelets, boucles d’oreilles – avec l’envie de sortir ces perles des placards. On les réservait aux grandes occasions, mais je voulais qu’on puisse les porter au quotidien, que ce soit à Paris ou ailleurs.
Petit à petit, j’ai creusé le sujet : leur histoire, leur fabrication, leur symbolique… Aujourd’hui, je veux transmettre tout cela à travers mes créations. J’associe aussi d’autres objets traditionnels comme les poids Akan, les symboles Adinkra, les poupées Ashanti, les cauris…
Je prévois même de proposer des cartes explicatives vendues avec les bijoux, pour vulgariser cette richesse culturelle.
Et justement, quelles sont les spécificités de ces perles ?
Elles sont faites à partir de verre recyclé, notamment de bouteilles. Le verre est réduit en poudre puis placé dans des moules en argile. Il en résulte des formes variées. Les perles sont ensuite peintes à la main avec des tiges de manioc séchées qui servent de pinceaux.
Chaque perle est donc unique, et c’est ce qui en fait de véritables œuvres d’art. Ces perles sont aussi un symbole de résilience. À l’époque de la traite esclavagiste, les esclaves étaient échangés contre des perles de Murano. Les artisans africains ont décidé de créer leurs propres perles, comme une forme de renaissance.
C’est magnifique. Tu proposes aussi des ateliers ?
Oui, les gens peuvent venir créer leur propre bracelet ou collier. Ça permet de découvrir les perles, de choisir celles qui nous correspondent, de comprendre leur histoire… et de repartir avec une pièce unique.
C’est une façon de démocratiser le bijou traditionnel et de le rendre accessible à tous, au quotidien. D’ailleurs, beaucoup de mes clients portent leurs bijoux tous les jours. Ce sont des accessoires identitaires, qui affirment une personnalité.
Comment choisis-tu tes partenaires et fournisseurs ?
Au départ, j’achetais les perles au marché de Lomé. Les vendeuses se fournissaient auprès d’artisans du Ghana. Puis j’ai mené mes propres recherches pour entrer directement en contact avec des familles d’artisans en pays Krobo, au Ghana.
Aujourd’hui, j’ai une collaboratrice au Togo qui travaille les perles depuis l’adolescence. On s’apporte mutuellement : elle m’apprend les traditions, et je lui transmets une vision simplifiée, plus urbaine. Pour les commandes en grosse quantité, je passe directement par le Ghana.
J’aimerais un jour concevoir mes propres perles sur mesure.
Quels ont été les plus gros défis de ton parcours entrepreneurial ?
Tout a été progressif, donc je ne me rendais pas compte des défis au départ. Il a fallu apprendre la vente, gérer les commandes, comprendre comment écouler mes produits.
J’ai aussi perdu du temps à sous-estimer mon projet. Je parlais de « petite entreprise », je bricolais… mais le bricolage finit par s’installer, et c’est du temps perdu.
Le plus difficile, c’est aussi la communication. Au début, je voulais une image parfaite, alors je ne postais rien. Mais ça trahissait ma personnalité. Aujourd’hui, je suis plus spontanée, plus moi-même, et ça se voit dans ma marque.
Enfin, j’ai dû revoir mon rapport à l’argent, augmenter mes prix, oser demander du financement. Et ça m’a permis de professionnaliser ma démarche, par exemple en déclinant les tailles de bracelets.
C’est un parcours très inspirant. Tu as aussi été accompagnée par le programme Les Essentiels. Qu’est-ce que ça t’a apporté ?
Un vrai déclic. Le programme m’a permis de remettre à plat tous les aspects de mon entreprise : communication, posture, stratégie, gestion, IA…
Ça a ralenti temporairement mon activité, mais c’était nécessaire pour revoir mon modèle, définir mon image de marque et créer une vraie expérience client.
Par exemple, certains clients en boutique ne comprenaient pas le prix de mes bracelets. J’ai compris que je devais mieux transmettre l’histoire, la valeur, le sens derrière mes créations.
Et où peut-on te retrouver ?
Sur Instagram : @perlesraresdjonou (avec un S à perles et rares). Je suis aussi sur LinkedIn, YouTube, TikTok, et j’ai un site internet.
Je propose des ateliers en région parisienne, et vous pouvez retrouver mes créations à la Coopérative Caré à Saint-Denis, ainsi qu’en Guadeloupe, aux Abîmes.
Merci beaucoup pour cet échange passionnant.
Merci à toi, et à bientôt !
0 Commentaires